Une semaine après le brevet de l'AC Clapiers, je me présente à la Roger Pingeon à Gignac, la cyclosportive de l'Hérault. Gros moyens, grosse organisation, il le faut bien pour gérer les 800 participants.

J'ai juste fait 2 sorties de récup dans la semaine, 1h très tranquille le mardi, 1h30 le jeudi avec quelques intensités. Le jeudi les puls avaient du mal à monter, les jambes n'étaient pas trop mal. Je n'ai pas insisté, j'avais encore 2 jours de repos avant la course.

J'arrive le dimanche matin à Gignac avec quelques appréhensions, un peu de pression et des doutes sur ma forme. Et je ne sais toujours pas quelle tactique je vais adopté :
- partir tranquille, trouver un bon groupe et on verra pour la suite,
- partir tranquille, passer le col du Vent et faire l'effort,
- faire l'effort d'être dans le premier groupe au début au moins jusqu'à Arboras, puis monter le col du Vent à ma main, et après on verra.

Je m'échauffe un peu, il fait frais mais c'est supportable. Tout le monde se regarde, c'est bizarre comme ambiance. Normalement sur les épreuves de VTT je croise bcp de "copains", mais je suis tout seul. Je vais me placer 15 minutes avant le départ, j'ai bien fait car il y a déjà bcp de monde.
L'ambiance est assez bonne, ca chambre, ca rigole, c'est sympa. Puis c'est le top départ.
Et une fois passer le portique, c'est départ à bloc! Mais pourtant c'est un départ neutralisé???
Je pense que la voiture ou la moto qui neutralise doit rouler vite... Donc on sort de Gignac à 40km/h, c'est la guerre, ça double de partout! Puis on fini par se regrouper.
Et à partir de la c'est le grand n'importe quoi selon moi :
- le mec qui veut passer à droite alors qu'il n'y a pas la place, (bon ok en vtt c'est pareil, mais les vitesses ne sont pas les mêmes),
- le mec qui veut doubler alors qu'il n'y a pas la place mais qui demande que tu te pousses,
- les voitures sur les cotés ou au milieu (et même les gendarmes...),
- les virages pris par tout le monde à l'intérieur, je me faisais un plaisir de prendre l'extérieur et de doubler,
- et le pire, les coups de freins et les gros ralentissements, ça puait le cramé!
Finalement je suis étonné qu'il n'y ait pas eu de chutes, enfin autour de moi. J'ai juste aperçu un gars finir dans un fossé sans trop de gravité.
Et ce sera comme ça jusqu'à Arboras. La j'avoue que je n'aurais pas apprécier faire toute l'épreuve dans ces conditions.
Niveau rythme, c'était parfait, un peu rapide, mais sans trop, quelques accélérations, quelques moments calmes, c'était parfait pour finir l'échauffement.

On arrive à Arboras. Le rythme dans cette ascension est rapide. Je lève le pied et me cale dans les 180 puls (mon SV2).
Je me fais doubler de partout, parfois par des avions. Un mini groupe se constitue mais ne durera pas. Ceux qui doublent finissent souvent par réduire leur allure et restent à quelques mètres devant.
J'arrive à garder mon rythme, je sens que je pourrais aller jusqu'au sommet sans difficulté.



Au replat à mi-pente, je recolle très facilement au groupe 20m devant. Et je m'étonne toujours de cette facilité à faire cet effort alors que la pente s'adoucit.
Puis tout en gardant mon rythme le groupe s'est disloqué par l'arrière, me laissant avec 2 autres gars. On roulera bien et on se relaiera régulièrement.
Un gars nous double doucement, et à la faveur d'une prise de trajectoire je me mets dans sa roue et prends son rythme.
Les puls montent à 184 mais comme nous approchons le sommet, je fais l'effort pensant que j'y gagnerais à être avec lui à la bascule.
Je fais l'ascension en 28'34" à 17km/h de moyenne et à 181puls de moyenne. J'ai donc adopter la tactique 3. Je crois qu'à partir du moment ou il y a un chrono, c'est plus fort que moi, je fais la course!



Je suis bien, je prends le temps de souffler un peu, de boire, de relacher un peu les jambes, puis rapidement je me mets dans la roue d'un groupe de 3. Nous allons nous relayer efficacement jusqu'à avoir un groupe à vue. Et puis la plus personne... Je suis le seul à rouler, enfin presque, un gars m'aide un peu. Les 2 autres ne font rien.
Nous revenons sur le groupe et ainsi ce groupe grossit peu à peu.
La Vacquerie, sans forcer je passe à l'avant du groupe dans la descente comme si les autres freinaient. La traversée du village est dangereuse avec les ralentisseurs. A la sortie le groupe se reforme, et enfin nous collaborons. Pas longtemps, car c'est du n'importe quoi. Certains restent dans les roues et remontent à l'avant mais ne veulent pas faire l'effort devant. D'autres font l'effort mais vont trop vite... J'en profite pour manger un bout et bien m'hydrater, je sens qu'on ne va pas s’arrêter au ravito!
Nous reprenons encore un groupe et basculons dans la descente. Je me place à l'avant et un gars a l'air motivé pour rouler fort.
Il passe devant et je reste dans sa roue.
Nous ferons la descente à deux, et ce sera un gros gros kif! J'ai adoré!
Nous avons pris quelques longueurs d'avance, mais on se lèvera sur le bas pour attendre le groupe.
Jusqu'ici tout va bien, et je pense pouvoir faire comme dimanche dernier.

Soubès et la 2ème ascension, coupée au milieu par une petite descente. Doucement mais surement je glisse vers l'arrière du groupe. Je ne m'inquiète pas, tous les gars de ce groupe ont monté le col du Vent plus vite que moi. Connaissant la suite, je préfère rouler à mon rythme, je reviendrais dans la descente.
Idem dans la 2ème partie de l'ascension, je glisse vers l'arrière, finissant à la fin du groupe mais en retrouvant une certaine facilité.
Dans le faux plat final alors que je me trouvais mieux et que le moral remontait, un chat traverse au niveau d'une ferme et se plante au milieu. Ce chat m'oblige à piler!!
Gros effort pour me relancer et ca coince. J'ai du mal. Je me relève un peu, laisse passer quelques gars pour souffler un peu.
Dans cette partie en faux plat descendant avec un mauvais bitume, il faut qd même bien pédaler pour rester dans le rythme. Et ça coince toujours. Je commence à douter et je n'arrive plus à suivre. Tout s’enchaîne vite, le moral, le physique, je me relève, je laisse partir le groupe. J'essaye de me reposer, de souffler. Je pense me refaire un peu et me faire reprendre par un groupe.
Cette stratégie a l'air de fonctionner, je m'accroche à des roues, surtout rester tranquille, ne pas faire l'effort de trop, rouler souple.
Mais dans une mini bosse, mon pilote s'en va, et dans le faux plat suivant, le peu de force qui me restait s'en va aussi.
A partir de la, je roule vraiment tranquille, histoire de rentrer, s'en me faire d'illusion. 2 gros groupes me doublent, à chaque fois j'essaye de m'accrocher, ca tient un temps puis non, plus de force.
Sur le final, j'arrive qd même à tenir la roue d'un gars, qui me dit être cuit mais surement moins que moi! Je m’arrête au ravito sans trop perdre de temps.
Les crampes ne sont pas loin, alors je gère l'effort à la limite des crampes.
Montpeyroux, Lagamas, le pont suspendu, Gignac, c'est fini.

Après réflexion, j'ai l'impression d'avoir vécu ce que les marathoniens appellent le " passage du mur", un épuisement du glycogène. Car j'ai perdu mes forces assez brutalement. Cela ne m'étonne pas trop, dans le sens ou je n'ai pas suffisamment récupéré de dimanche dernier, en plus d'un régime familial orienté légume .
192ème ou 195ème selon le diplôme ou le chrono, mais moins de 3h et 30km/h de moyenne. Mini objectif réussi malgré une grosse défaillance.

Je retiendrais une superbe forme dans les 2 premiers tiers, une nouvelle expérience avec ce type de course. Pour une prochaine course, il me faudra surement lisser un peu plus mon effort, faire un peu moins d'effort inutile. Mais ce sera dur de rester calme, ce qui me plait ce sont les mouvements, les trajectoires, gérer et profiter, je sais faire, mais pas dans le sport!